FERAH Ahmed Farouk
FERAHAF
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Emir Abd El-Kader partage le point de vue des grands savants musulmans sur la supériorité de « l’esprit ». S’il ne cite pas ses sources, il indique parfois les penseurs auxquels il se réfère : les philosophes grecs (Socrate, Platon, Aristote) familiers de la culture arabe et les auteurs musulmans célèbres (Al-Râzi, Ibn Sînâ,Al-Ghâzâli, Ibn Rochd, Ibn Khaldûn…). Il part évidemment des textes fondateurs, Coran et hadiths, et y ajoute ses réflexions personnelles et ses propres opinions qui frappent par la pertinence et l’ouverture. « La science, dit-il, vient de l’esprit comme le fruit vient de l’arbre » L’esprit apparait d’abord chez l’enfant puis mûrit chez l’adulte ; il distingue l’homme de la bête et lui confère la dignité morale par la maîtrise du désir. Le savant surpasse l’ignorant par l’expérience, la réflexion et les connaissances acquises. L’ignorant, par contre, ne réfléchit guère ; il se laisse guider par l’habitude et suit les ancêtres ou l’entourage, sans pouvoir mesurer le dommage causé par le désir. C’est ce qui explique l’inégalité parmi les hommes, selon la force ou la faiblesse de leur esprit.Les connaissances acquises comportent des degrés : le premier c’est la connaissance par les sens, le second la connaissance par l’intelligence. La connaissance sensible est stérile et conduit souvent à l’erreur, tandis que la connaissance intellectuelle est féconde et englobe tout le savoir. » L’Emir est frappé par le matérialisme du XIXe siècle, marqué par le positivisme et le scientisme, qu’il ne peut partager. La science, pour lui, est inséparable de la foi. Il désapprouve toutefois les conservateurs qui donnent la préférence au patrimoine aux dépens de la culture moderne. Ils ont tort ceux qui dénient toute valeur aux livres aux études scientifiques, Il leur rappelle un vers célèbre :
« Cet ancien a été moderne en son temps et ce moderne deviendra un jour ancien. »
L' Emir Abd El-Kader était un Guerrier,un Soufi ,et un Poète
L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère, c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour; et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu, l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental. N'écrit-il pas ces vers à son épouse :
Mon épouse s'inquiète
Mon épouse s'inquiète, et pourtant c'est elle qui me connaît le mieux.
«Ne sais-tu pas, ô princesse du foyer, que par mes chevauchées
à travers le pays, j'assure la sécurité de la tribu ?
J'affronte sans peur le défilé de la mort,
et je défends les femmes au jour de terreur.
Les femmes ont confiance tant que je suis là,
alors que l'épouse au khalkhal ne se fie même pas à son mari. C'est moi qui prends soin des jeunes cavaliers
inexpérimentés comme des lionceaux.
Lorsque mes chevaux, blessés, faiblissent, je les exhorte
«Que votre endurance soit égale à la mienne, Soyez aussi dignes que moi ! »
En temps de guerre, j'expose généreusement ma vie,
et pourtant,en temps de paix, le salut de mon âme est ce qui m'importe le plus.
Demande donc aux Français, ils te diront les massacres
causés par mon sabre et ma lance vibrante.
Demande donc à la nuit, elle te dira comment
j'ai pourfendu sa peau noire en chevauchées nocturnes.
Demande donc au désert, aux collines et aux vastes espaces,
ils te diront comme j'ai traversé plaines et murs de montagnes en cavalcades effrénées.
Ma seule volonté est d'affronter l'ennemi,
et de battre ses redoutables soldats avec mes braves.
Ne t'inquiète donc pas pour moi !
sache que, cadavre rongé par les vers, je serai encore redoutable !
et très bonne soirée à vous toutes et tous !
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